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l'expédition, car il nous a dit s'être embarqué d'abord avec vous, et ne vous avoir quittés à Brest que parce qu'il doutait de vous voir mener votre entreprise à bonne fin& Il avait en effet d'excellentes raisons pour en douter, répliqua froidement Erik, non sans un frémissement intérieur. Son yacht se trouvant à Valparaiso, il lui a télégraphié d'aller l'attendre à Victoria, sur la côte de Vancouver, reprit le jeune médecin ; puis il s'y est rendu lui-même par la ligne de Liverpool à New-York et le chemin de fer du Pacifique. C'est ce qui explique qu'il soit arrivé ici avant vous. Vous a-t-il dit ce qu'il venait y faire ? demanda M Bredejord. Il venait nous porter secours si nous en avions besoin, et puis aussi s'informer d'un personnage assez bizarre, dont j'avais incidemment parlé dans ma correspondance, et auquel M. Tudor Brown semble porter un vif intérêt. Les quatre visiteurs échangèrent un regard. Patrick O'Donoghan ?& N'est-ce pas ainsi que s'appelle cet homme ? demanda Erik. Précisément ! C'est du moins le nom qui est tatoué sur sa peau, quoiqu'il prétende que ce ne soit pas le sien, mais celui d'un ami ! Il se fait appeler Johnny Bowles& Puis-je vous demander si cet homme est ici ? Il nous a quittés depuis dix mois déjà. Nous avions cru d'abord qu'il pouvait nous être utile comme intermédiaire avec les naturels de la côte, à cause de sa connaissance apparente de la langue samoyède ; mais nous nous sommes aperçus que cette connaissance était très superficielle, réduite à quelques mots à peine. Et puis le hasard a voulu que, depuis Chabarova jusqu'ici, nous n'eussions aucun rapport avec les habitants des pays que nous longions. Un interprète nous devenait inutile. D'autre part, ce Johnny Bowles ou Patrick O'Donoghan était paresseux, ivrogne, indiscipliné. Sa présence à bord ne pouvait avoir que des inconvénients. Nous avons donc accueilli avec un véritable plaisir sa demande d'être débarqué avec quelques provisions sur la grande île Ljakow, au moment où nous en suivions la côte méridionale. Quoi ! c'est là qu'il est descendu ! s'écria Erik. Mais cette île n'est-elle pas inhabitée ? Absolument ! Ce qui a séduit notre homme, paraît-il, c'est qu'elle est littéralement couverte d'ossements de mammouths et par conséquent d'ivoire fossile. Il avait conçu le plan de s'y établir, de consacrer les mois d'été à réunir la plus grande quantité d'ivoire qu'il pourrait trouver ; puis, quand l'hiver serait revenu glacer le bras de mer qui sépare l'île Ljakow du continent, de transporter en traîneau ces richesses à la côte sibérienne, afin de les vendre aux marchands russes, qui viennent jusque-là chercher les produits du pays. Vous avez donné ces détails à M. Tudor Brown ? demanda Erik. Page 97 sur 133 L épave du Cynthia Jules Verne Assurément ! Il venait d'assez loin les chercher répliqua le jeune médecin, sans se douter de l'intérêt profond et personnel qui s'attachait pour le commandant de l'Alaska aux questions qu'il lui adressait. La conversation devint alors plus générale. On parla de la facilité relative avec laquelle s'était réalisé le programme de Nordenskiold. Sur presque aucun point il n'avait rencontré de difficultés sérieuses. De là les conséquences que la découverte de la nouvelle route pouvait avoir pour le commerce du monde. Non, disaient les officiers de la Véga, que cette route dans son entier fût jamais destinée à devenir très fréquentée, mais parce que le voyage de la Véga devait nécessairement habituer les nations maritimes de l'Atlantique et du Pacifique à considérer comme possibles les relations directes par mer avec la Sibérie. Et nulle part ces nations ne pouvaient trouver, contrairement à l'opinion vulgaire, un champ aussi vaste et aussi riche pour leur activité. N'est-il pas singulier, faisait observer M. Bredejord, que, pendant trois siècles, on ait complètement échoué dans cette tentative, et qu'aujourd'hui vous ayez pu l'accomplir presque sans difficulté ? La singularité n'est qu'apparente, répondit un des officiers. Nous avons profité au nord de l'Asie, comme vous venez de le faire au nord du continent américain de l'expérience acquise, souvent au prix de leur vie, par nos devanciers. Et nous avons aussi profité de la profonde expérience personnelle de notre chef. Le professeur Nordenskiold s'était préparé à cet effort suprême pendant plus de vingt ans au cours de huit grandes expéditions arctiques ; il avait patiemment réuni tous les éléments du problème et marchait, en quelque sorte à coup sûr, à sa solution. Puis nous avions ce qui manquait à nos prédécesseurs, un navire à vapeur, spécialement aménage pour ce voyage. Cela nous a permis de franchir en deux mois des distances qui nous eussent peut-être pris deux ans avec un bâtiment à la voile. Nous avons constamment pu, non seulement choisir, mais chercher notre route, fuir devant les glaces flottantes, gagner de vitesse des courants ou des vents ! Encore n'avons-nous pas pu éviter un hivernage ! Quelle ne devait pas être la difficulté pour les marins de jadis, réduits à attendre la brise favorable, perdant parfois les plus beaux mois d'été à errer à l'aventure ?& Nous- mêmes, n'avons-nous pas vingt fois trouvé la mer libre aux points où les cartes indiquaient non seulement des glaces éternelles, mais aussi des continents ou des îles ?& Alors nous pouvions aller la reconnaître, au besoin faire machine en arrière et reprendre notre route, tandis que les navigateurs d'autrefois étaient le plus souvent réduits aux conjectures ! Ainsi causant et discutant, on passa l'après-midi. Les visiteurs de l'Alaska, après avoir accepté le dîner de la Véga, emmenèrent souper à leur bord les officiers qui n'étaient pas de service. On se communiqua mutuellement les nouvelles et les renseignements dont on
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